Episode 5

– Bonjour à vous tous chers ami.e.s, je suis très heureuse de vous retrouver pour le cinquième épisode de ce colloque fictif autour de la méditation. La sixième semaine de confinement. Nous y sommes. Nous ne pensions pas que ça durerait autant, n’est-ce pas ?… une vraie retraite bouddhiste ! Pour ceux qui vivent avec des gamins à la maison bien sûr le calme n’est pas toujours au rendez-vous ! Mais on en appelle à des forces intérieures importantes… pour ne pas nous étriper entre nous ! Et les qualités que nous développons, comme la patience, la compassion envers nous-même et nos proches sont de grandes ressources mais elles ne sont pas toujours suffisantes pour tenir la barre, ne pas sombrer, ne pas exploser. Foutre une pratique de méditation dans une ambiance tendue dans laquelle tout le monde s’épie les uns les autres, c’est ridicule, non ? Peut-être, oui, à vous de savoir… Face à un mari violent ou même face à des enfants en bas âge, oui c’est peut-être insuffisant ou inapproprié… ça pourrait faire l’effet inverse… peut-être… soyez malins… il va falloir simuler !… Je veux dire méditer sans en avoir l’air !

– Salut Juliette ! Pardon pour mon retard… A qui tu parlais, là ?

– Salut Belinda !

– Belinda ?

– J’ai envie d’un peu de fantaisie… tu me permets ?

– Oui, oui, si ça te fait plaisir… mais Juliette, pourquoi tu loues ce gymnase alors que plus personne ne vient à tes colloques ?!

– Même s’ils ne viennent pas, y’a la place pour eux ! J’en étais à la simulation Belinda… tu vois de quoi je parle ?

– Ouais bon, je ne suis pas sûre de rester très longtemps moi non plus, tu dérailles ou quoi, Juliette ? Et c’est quoi cette tenue ?

– Un besoin de fantaisie, je te dis ! Tu me permets de continuer là où j’en étais ? Je te rappelle quand même que tu es arrivée en retard !

– Vas-y, vas-y, ton audience est tout ouïe…

– Quand l’acte de se mettre assis en posture de méditation n’apporte pas plus de détente. Quand l’acte de se mettre en tailleur peut être perçu comme un affront et donc créer plus de violence autour de soi et par conséquent nous mettre en danger ou dans une posture inconfortable, il serait stupide de le faire ! Ne renoncez que superficiellement… par sagesse, par compassion, mais ne lâchez pas l’intention de liberté qu’il y a derrière. Car oui, il s’agit bien de liberté !

– Eh bien, je n’ai pas encore senti ça, hein ! Désolée mais j’essaie de méditer souvent… bon je vais pas mentir, j’arrive pas tous les jours, j’y arrive pas mais… souvent quand même… et pour l’instant je ne ressens pas de truc puissant, de changement fort… si y’a un truc qui change petit à petit, c’est l’envie de m’y mettre ! J’ai plus envie… mais la liberté, non ! quand même pas…

– Pourquoi veut-on méditer ? Pourquoi ? Posez-vous la question ! Sans avoir répondu sincèrement et profondément à cette question, il vous sera difficile de simuler… à partir du moment où vous savez pourquoi, vous pourrez pratiquer n’importe quand !

– Mais sur quoi on se repose alors si on n’est pas assis… je veux dire que pour moi la posture, c’est important… mon esprit navigue à droite, à gauche mais ma posture, c’est comme si c’était ma volonté, tu vois ?

– Oui, je vois… il faut s’appuyer sur ce qui vient et notre profonde intention d’embrasser notre réalité intérieure. Nous installer dans notre cœur, en quelque sorte. Dire oui ! Et si quelqu’un nous insulte ? Alors sentez monter la colère en vous, sentez, accepter. Et si vous n’acceptez pas ? Accepter de ne pas accepter ! Une présence différente se met alors en place… un sentiment de bien-être avec. C’est cela méditer, juste cela…

– Je n’ai plus besoin de me mettre en tailleur et de méditer 20 minutes par jour, alors ?

– Si, si ! 20 minutes par jour… la liberté, n’oublie pas, Belinda, la liberté !!

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